Robert Perišić est une étincelle rayonnante d’intelligence et scintillante d’ironie.
Zagreb 2003. Journaliste en disgrâce, Tin envoie son cousin éloigné Boris couvrir le conflit irakien pour le quotidien qui l’emploie. Le seul hic, c’est que ce dernier, ex-soldat traumatisé par la guerre des Balkans, n’a aucune qualification. Lorsque Tin reçoit ses premières nouvelles du front – des e-mails décousus et hallucinés –, il décide les réécrire sans en informer sa
hiérarchie. Une terrible erreur. La première d’une longue série. Bientôt Boris disparaît à Bagdad et la vie de Tin part complètement en vrille…
Robert Perisic est né à Split en 1969. Il fait des études de philosophie à Zagreb, où il vit et travaille comme journaliste, critique littéraire et auteur de recueils de nouvelles, de poésie et de romans. Traduit en allemand, tchèque, italien, bulgare, slovène, serbe, macédonien, anglais, il connaît aussi un vif succès aux Etats-Unis avec ses deux romans, Les turbines du Titanic (Gaïa, 2020) et Notre homme à son poste (Gaïa, 2022).
Tout ça, je le raconte à quelqu’un, dans ma tête » : il y a des façons plus pompeuses de parler du flux de pensée dans une fiction. La formule au cœur de Notre correspondant sur place a le mérite d’être simple. Le lecteur aura donc plaisir à suivre l’antihéros Tin dans sa dégringolade, vécue avec lucidité, humour et fatalisme. Elle le mènera d’ailleurs à une forme de liberté. […] Robert Perisic questionne la notion d’identité individuelle dans une société postcommuniste et c’est assez piquant.
Premier roman ambitieux et finement observé de Robert Perisic, Notre correspondant sur place est un panorama ultra-piquant d’un certain milieu zagrébois (notamment acteurs en proie à des metteurs en scène conceptuels, journalistes fumistes, politiciens locaux) en quête nouvelle de sens.
Dans un style à la fois limpide et vivant, fataliste mais sauvé du désespoir par l’ironie constante dont il fait preuve, Robert Perisic brosse un tableau saisissant et attachant d’une société en pleine mutation […]. Et oppose aux hérauts du capitalisme décomplexé dans lequel la Croatie s’engage tête baissée un scepticisme plus désabusé que véritablement réprobateur. En quelques journées décisives, les vies professionnelle, sociale et privée de Tin prennent un tour apocalyptique. Mais la tendresse qu’éprouve à l’évidence le romancier pour son antihéros, et qu’il sait faire partager au lecteur, laisse vite entendre que ce roman de « désapprentissage » reste bel et bien un parcours initiatique.
Drôlissime, rondement mené, cette radioscopie de la modernité globalisée fait étrangement écho, à la fois à la guerre fratricide russo-ukrainienne et à notre quotidien lambda, entre rêve d’indépendance et de conformisme. […] Sous le mordant, Robert Perisic décrypte autrement « La fin de l’homme rouge » (Babel) de Svetlana Alexievitch. Comment « Pepsi a conquis les enfants soviétiques », comment les idoles et les valeurs ont été remplacées en une nuit. […] Épinglons encore la traduction de Chloé Billon, elle sert admirablement la vivacité, l’ironie généreuse, l’introspection hilarante et le désenchantement mélancolique de cet auteur indispensable.
Je me suis senti comme un fétu de paille emporté par ce courant puissant : l’auteur ne nous laisse pas reprendre notre souffle et cette manière d’écrire à une vitesse croissante, parfois vertigineuse, rien ne peut lui résister ! […] Il y a quelque chose d’un peu rabelaisien (dans la forme, non dans l’esprit), qui rend cette sarabande des plus joyeuses et des plus fantasques, bien qu’elle puisse bien souvent avoir l’aspect mystérieux d’une sorte de danse de mort. C’est truculent et en même temps c’est d’un cruel réalisme. En somme, voilà un roman d’un genre assez nouveau que l’écrivain a su rendre digne de ses illustres prédécesseurs. A mon sens, c’est une authentique découverte – une révélation jouissive […]
Un livre qui fera rire aux larmes le lecteur mais qui n’en oublie pas de poser les bonnes questions sur la difficile transformation démocratique et la fin des grandes idéologies. […] Sous la couche comique et le caractère absurde de certaines situations, on comprend que la Croatie se cherche un modèle mais que plusieurs années après la fin de la guerre et la chute du rideau de fer, il est bien difficile de trouver sa propre voie, en marge du capitalisme sauvage et du consumérisme.
Les souvenirs frais des combats en ex-Yougoslavie résonnent dans un furieux imbroglio.
Avec férocité et humour noir, Robert Perišić nous raconte la dégringolade de son héros, perdu dans cette Croatie d’après-guerre où le capitalisme bat son plein, inadapté à cette société de la réussite, de la responsabilité individuelle. […] Un roman drôle, absurde, digne des meilleurs auteurs slaves, intelligent et brillamment écrit.
Deuxième roman de Robert Perišić publié en France, Notre correspondant sur place dresse le portrait d’une société en mutation à travers une génération de trentenaires pris en étau entre les nouveaux maîtres et le poids du passé. La liberté semble ouvrir le champ du possible, mais à l’histoire officielle et à la propagande ont succédé d’autres simulacres. De son poste médiatique, Tin est bien placé pour observer la falsification et l’abrutissement à l’œuvre […] Au fil de rebondissements drolatiques, ce roman nous fait partager le désenchantement et les désillusions de personnages réfractaires à un monde absurde.
Robert Perišić est une étincelle rayonnante d’intelligence et scintillante d’ironie.
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