Dans l’État Sauvage

Faire réfléchir à l’état de nature, à ses vertus comme à ses limites, tel est le grand mérite de Dans l’État sauvage […] Les questions que posent ce roman sont, en creux, celles qui nous animent aujourd’hui face aux innovations technologiques et aux nouvelles formes d’artificialisation présentées comme inéluctables. […] Si Kafka a raison de dire que la littérature est « un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous », dans le sens où elle parvient à réveiller des choses que l’on croyait intangibles, Dans l’État sauvage est assurément de l’excellente littérature.

Dans l’État Sauvage est une épopée grandiose questionnant la nature même de l’humanité.

Dans l’Etat sauvage, c’est aussi des paysages vertigineux, du désert de sel aux montagnes boisées, une faune et une flore riches, des ciels à couper le souffle. Diane Cook […] marie brillamment la dystopie souvent cantonnée à la Science-Fiction au Nature Writing hérité des grands naturalistes américains.

[…] L’autrice réussit, tout au long de ses presque cinq cents pages à maintenir une sacrée tension en racontant la vie de cette équipée aussi hétéroclite qu’isolée du reste monde. Même si elle sème quelques indices, rien ne nous prépare à la mise au tapis finale. Dans ce genre catastrophiste très en vogue il y a à boire et à manger, Dans l’Etat sauvage est à dévorer !

Le monde imaginé par Diane Cook se tient à mi-chemin entre la SF et la mythologie : les lieux n’ont pas de nom […] Le lecteur se trouve dans la même position que les héros, coupé de tout, enfermé dans un espace vierge où la survie est un défi quotidien. […] . Aux fanatiques de camping extrême et aux adeptes du survivalisme, Diane Cook, qui s’est soigneusement documentée, donne un intéressant avant-goût de ce qui les attend.

Le roman de Diane Cook ne se laisse pas enfermer dans une case littéraire précise, semble s’adapter à son propos comme ses personnages à leur environnement. On en ressort avec un sentiment étrange, celui d’arpenter un récit hautement symbolique et intemporel, un récit qui ne s’embarrasse pas de fioritures ou d’idéalisme mais qui permet d’éprouver et sentir, parfois bêtes parfois hommes. […] Diane Cook construit deux personnages féminins troublants et fascinants qui évoluent au gré des pertes et des épreuves, confrontées à une Nature qui n’a rien de romantique et à un univers moderne étouffant et désespérant.

Dans l’État sauvage est un captivant roman écologique de survie, qui ne valorise pas la nature sauvage comme un environnement merveilleux, mais comme un domaine de confrontation au réel. Diane Cook ne décrit pas une nature hostile à proprement parler : c’est sa matérialité, brute, rocheuse, concrète, qui la rend menaçante. La relation mère-fille, entre Bea et Agnes, va devoir elle aussi survivre à sa propre réalité — en représentant tantôt un défi, tantôt un refuge.

« Dystopie, anticipation, le monde de demain est irrespirable, toute beauté en a été gommée, la nature n’existe plus que dans un site protégé, contrôlé et réglementé. Y vivre, c’est accepter sa toute-puissance et s’y soumettre, l’homme devenant un animal parmi d’autres, plus malhabile et moins apte à la survie. La petite troupe est faussement libre : elle est traquée par les Rangers et doit respecter les lois qu’ils leur imposent, seule Agnes réussit à s’approprier totalement son environnement et à s’y fondre, s’animalisant pour mieux survivre […] J’ai beaucoup aimé la façon dont ce roman montre la beauté de la nature, son exquise fragilité et sa redoutable force, mais aussi dont il pose la question de la relation aux autres et, en particulier des liens mère-fille, de ce qu’on apprend aux enfants, de ce qu’on leur lègue et de ce qu’ils sont, sans nous. C’est un très beau roman aux longues résonances. »

« Le format du roman lui permet d’approfondir la notion d’individualisme et son pouvoir destructeur, sur la communauté notamment. Avec en toile de fond, la crise climatique, et la transition qu’elle nécessite. Cette transition se traduit dans le roman par un changement narratif : nous accompagnons dans un premier temps Béa, issue de la Ville et de l’ancien monde, pour qu’ensuite Agnès et le renouveau prennent le relais. Mère et fille s’éloignent dans un tissu d’incompréhension, chacune appartenant désormais à deux mondes distincts.

Diane Cook nous emmène dans un cadre éblouissant, théâtre de ce drame intimiste. Un roman palpitant, bouleversant, qui ne souffre d’aucun temps mort. »

« À quoi tient la pulsion de vie dans un endroit de plus en plus hostile et inhospitalier ?, interroge Diane Cook dans ce premier roman encensé par la critique, finaliste du Man Booker Prize 2020. Disséquant l’âme humaine à la manière d’une entomologiste, ce récit « pré-apocalyptique » dit le poison de l’individualisme et la force de l’amour maternel dans un futur faisant étrangement écho au monde tel qu’il prend actuellement forme sous nos yeux. »